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Courir, jour après jour, saison après saison. Regarder le paysage se transformer, tout comme la ville. Enfiler ses baskets, répéter les foulées, réfléchir au rythme du sang qui afflue. Anja Erämaja trace un chemin de pensées rapides. Tout ce qui lui passe par la tête devient poème et calligramme : l’écriture ondule, épouse les saccades du footing. Après quoi court-elle ? Après qui ? Le passé d’une rupture indélébile qui refait surface entre les lignes, le futur d’un désir pour un inconnu croisé qui court lui aussi, chaque jour, autour de la baie d’Helsinki ? Courir pour se vider la tête, savoir qui l’on est, ce que l’on pourrait encore devenir, ou se réinventer ? La motivation du premier pas dehors devient métaphore d’une femme qui ne veut plus être perdue et qui cherche tout entière à se reconstruire.

Extrait

le vent ne s’arrête pas
comme ne s’arrête ni la goutte d’eau qui tombe
vers la terre ni l’oiseau dans son envol.
Ni l’amour qui cherche de
nouveaux chemins, reste persévérant,
reste patient,
ne se vante pas, ne fanfaronne pas,
ne se rappelle pas du mal qu’il a subi,
il continue. L’amour est comme un
vendeur d’aspirateurs,
en existe-t-il encore,
de ceux qui entrent en force dans ton salon
et commencent à aspirer :
l’amour force son chemin dans mes pensées.

***

 Le paysage passe,
l’automne passe,
le jour tombe
dans le noir,
on oublie
les erreurs,
les mots méchants
s’éteignent
sur nos lèvres.
À vrai dire
c’est calme,
à vrai dire,
je ne suis ici que de passage.