Voici le journal vivace d’une femme nomade traversant le monde, les océans, les capitales et les îles. Ses poèmes naissent d’impressions glanées au passage, humeur, désir, un biais particulier de la lumière venant érotiser une forme, enflammer des métaphores sensuelles. Instants de lascivité, brefs répits de satisfaction, auxquels se mêlent les images persistantes d’amants qui, comme dans les meilleurs films de cinéma, se réduisent souvent à un geste, une courbe, un pli de vêtement. Le thème de l’union des corps rejoint celui de l’utopie antique, tandis que la poétesse réinvente la création du monde : parfum de mangue et couleur Caraïbes.
Que va-t-elle manger aujourd’hui, ma peau ?
Du jus de citron ou du lait d’amande ?
Peut-être seulement une fleur d’orchidée… Non !
De l’huile épaisse de cupuaçu.
Applique sur ta joue le blé de Zeus,
appelé aussi plaquemine du Japon ou kaki,
et pénètre dans le bain chaud
à travers la mousse d’acacia et de lotus !
Dans le vestibule des temples indiens,
on dépose près des éléphants noirs
l’or des mangues en tranches
et la neige hachée des noix de coco.
Sur les ruines des anciennes civilisations je construis mon temple
en guise de toit il a le ciel
en guise de colonnes des arbres fruitiers entre lesquels
court un troupeau de brebis avec leurs agneaux
je sacrifie aux déités de l’eau
pure avec des fleurs blanches et roses :
Il suffit que le poète soit.