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La poésie, comme la science, est une tentative de lecture du monde. Toute subjective qu’elle soit, elle n’en est pas moins exigeante, insistante, assoiffée de justesse. Elle cherche des approches nouvelles, étudie en profondeur son sujet. C’est avec cette démarche appliquée que Marcos Siscar tente ici une analyse poétique de la vie humaine, vue comme un ensemble complexe de forces d’attraction et de poussées, depuis celle qui nous met au monde jusqu’à celle qui un jour, avec gravité, nous rappellera à la terre. De poème en poème, nous le suivons dans ce jeu physique et métaphysique, à la recherche de points d’équilibre, d’instants suspendus contre les forces extérieures. Il nous encourage, contre vents et marées, à trouver notre point de flottaison, là où le bonheur est encore possible.

Extrait

Des bateaux abandonnés comme des causes perdues reposent désormais au fond du fleuve ou du jardin, recouverts d’un drap vert de plantes grimpantes. Pourtant je n’oublie jamais mon bateau. Parfois après une longue période de sécheresse il affleure. Comme s’il flottait. Je le laisse reposer à la renverse jusqu’à ce que l’écriture de la rouille me livre son terrible secret. Cela peut prendre longtemps. Peut-être toute une vie.